A l’occasion de la journée de la Femme, nous tenons à féliciter toutes les Femmes qui oeuvrent dans le secteur des énergies renouvelables ;

Et nous souhaitons nous aussi agir en mettant en avant ces Femmes aussi brillantes qu’engagées :

Découvrez ou redécouvrez notre Palmarès des Femmes des Energies Renouvelables 2019 ! (Cliquez sur le lien pour découvrir la brochure)

Découvrez également une interview exclusive de Morgane Barthod, fondatrice de meteo*swift, une start-up basée sur le data as a service qui œuvre pour la transition énergétique :

Bonjour Morgane, pourriez vous dire quelques mots sur vous, votre parcours ?

« Bonjour, je suis Morgane Barthod, j’ai 27 ans, et cela fait 3ans et demi que je travaille sur ce projet de meteoswift ; je me suis lancé dedans juste après mes études. J’ai grandi près d’Annecy, dans un village ; puis j’ai fait une prépa maths, et une école d’ingénieur plutôt orienté maths, informatique et statistique, à Polytechnique à Palaiseau. Par la suite j’avais envie de m’investir dans les énergies renouvelables, quand j’avais des projets appliqués à réaliser je faisais déjà des choses sur les renouvelables. Quand j’étais en prépa je me souviens avoir réalisé un projet pour savoir si l’on pouvait produire de l’énergie à partir de cerf-volant ; et d’autres choses sur le stockage d’énergie dans les cavités salines. En bref, c’était vraiment un sujet qui m’intéressait. Du coup en dernière année d’école d’ingénieur j’ai voulu me spécialiser là-dedans et bon, pour la petite anecdote, j’ai voulu aller dans le programme d’approfondissement qui s’appelait énergies du 21ème siècle, sauf qu’en fait il n’y avait que des cours de nucléaire ; du coup j’en ai eu marre et je suis partie refaire un master à Lausanne à l’EPFL, c’était très intéressant et d’ailleurs c’est surprenant, car même s’il y a très peu d’éolienne en Suisse, ils avaient des très bons labos d’éoliens donc c’était très constructif. Par la suite, j’ai fini ce master par un stage de 6 mois à Toulouse, dans une toute petite entreprise, où je suis allée car ils venaient de gagner un appel d’offre de l’ADEME, sur la cartographie de la ressource éolienne en France et dans les DOM-TOM, c’était très sympa. J’étais sur la partie prod et statistique, mais à la fois ils nous laissaient beaucoup de liberté d’action. Ça m’a permis de bien me plonger dans le secteur. Je me souviens, c’était en 2015, au moment où la loi sur la transition énergétique était en train de passer et où l’on voyait que l’on allait avoir besoin de prévisions pour gérer au mieux le réseau électrique. Du coup, à la fin de ce stage-là, ils m’ont un peu poussé dans le dos et j’ai lancé ce projet de meteoswift. »

Pouvez vous présenter ce projet de meteo*swift plus en détails ?

« meteo*swift c’est une start-up qui travaille sur de la prévision de productions renouvelables. On a commencé sur l’éolien, l’idée c’est de prévoir quelques heures ou quelques jours à l’avance combien d’énergie va produire un parc éolien. Maintenant on fait cela aussi avec des panneaux solaires, et l’idée c’est d’aider à équilibrer le réseau électrique. En fait, probablement que les lecteurs de GreenUnivers et Greensolver ont déjà entendu parler de la loi sur la transition énergétique ; que l’on passe d’un tarif fixe avec une obligation d’achat à un système de marché de l’électricité ; et donc là quand on a un parc éolien et que l’on veut commercialiser l’électricité il faut faire une offre la veille à partir de prévision donc et ensuite si l’offre est différente de ce qui est réellement injecté on va payer des pénalités proportionnelles à cet écart, nous on travaille donc là-dessus. Ça c’est un peu ce qu’on pourrait appeler la raison d’être économique de la prévision.
La raison d’être technique c’est tout simplement le fait que l’on a de plus en plus d’énergie renouvelable qui sont intermittentes et le réseau électrique est lui assez fragile, il a besoin d’avoir une quantité constante d’énergie injectée ; du coup le réseau électrique a besoin de prévoir tout, la veille, afin de pouvoir s’adapter, c’est donc vraiment important d’avoir des prévisions précises suffisamment longtemps à l’avance, on pourrait dire que c’est ça qui va permettre ou pas une intégration à grande échelle des énergies renouvelables dans le mix-électrique. On entend d’ailleurs assez souvent cet argument dans la presse de dire que le renouvelable à grande échelle ce n’est pas possible car il y a trop d’intermittences. »

Quelles sont vos ambitions futures à travers meteo*swift ?

« L’objectif est d’arriver à faire des prévisions de plus en plus précises et d’aider au mieux le réseau électrique, pouvoir accompagner cette transition énergétique. Ensuite, si on se penche sur des cas plus précis, pour le moment on a surtout travaillé sur de l’éolien, on a sorti un produit solaire il y a quelques mois et on a envie de l’améliorer. On a aussi fait nous même nos premiers contrats la semaine dernière sur de l’éolien OFFSHORE et c’est un sujet qui nous intéresse beaucoup car il y a un gros impact sur le réseau électrique de part l’ampleur des parcs et on pense que nos outils peuvent particulièrement bien marcher car il y a des effets de sièges assez fort et assez complexe qui peuvent être très bien traités par le machine learning. Pour le moment on a surtout travaillé pour l’agrégation, on a envie de continuer là-dessus, on était surtout en France mais là on a eu quelques contrats ailleurs en Europe, donc on a vraiment envie de s’y développer, ainsi qu’aux Etats Unis où le système est un peu similaire. On a également un second segment de marché qui nous intéresse beaucoup et sur lequel on a déjà fait quelques contrats : c’est la partie microgrid, dans ce cas-là l’exemple typique c’est les DOM TOM, quand on a de l’éolien et une batterie. Dans ce cas les prévisions ne vont pas être envoyées au marché de l’électricité elles vont servir à piloter au mieux la batterie pour être plus précis. C’est des choses hyper intéressantes où la prévision a encore plus d’impact car le réseau est encore plus vulnérable et où on peut aussi allez plus loin dans la prévision : plutôt que de dire vous allez produire tant on va pouvoir aller vers l’aide à la décision en conseillant sur le pilotage de la batterie. C’est des choses auxquelles on s’intéresse aussi sur la partie agrégation, typiquement en plus de prévisions on va fournir des incertitudes pour dire : « ok on vous prévoit tant pour demain mais c’est très incertain ou c’est très certain, donc soyez plus ou moins prudents dans votre stratégie ». Une de nos ambitions c’est donc d’aller au-delà de la prévision vers l’aide à la décision et l’accompagnement au pilotage des parcs.
Un troisième segment qui nous intéresse beaucoup aussi, c’est de proposer la prévision partout où elle est utile et ce troisième cas de figure dans lequel elle est utile c’est typiquement les pays en développement qui n’ont pas un réseau aussi établi qu’en Europe avec des marchés de l’électricité, et qui ne sont pas non plus des micro réseau isolé comme les microgrids mais qui ont quand même du renouvelable et qui doivent être gérés ; dans ce cas-là on va fournir des prévisions aux producteurs qui vont traiter directement avec le réseau électrique sans passer par un marché de l’électricité. Typiquement on regarde des projets comme ça dans les îles, au Maroc, ou même dans des marchés très intéressants comme l’Inde ou la Chine. »

Meteo*swift est donc basé uniquement sur l’accompagnement et le service ?

« On est vraiment dans le service, souvent les starts-up, enfin un des modèles classiques c’est software as a service, nous on est vraiment dans le data as a service, on vend de la donnée et ce qui a de la valeur c’est la qualité de nos données et la qualité de nos prévisions. On n’a effectivement pas d’actifs en propre et on sur des systèmes de location où un agrégateur va nous confier son portefeuille et pour un certain montant annuel on va lui fournir des prévisions toutes les heures pour tout son portefeuille. Après, éventuellement, on va incentive à la performance.

Là pour le moment j’ai parlé de notre produit principal, et la prévision effectivement ce sont des choses qui se font tous les jours à partir du moment où le parc tourne. Mais ensuite on a aussi des outils pour aider les agrégateurs et les producteurs à négocier les contrats d’agrégation, qui vont être un peu plus en amont et qui vont pouvoir dire si, par exemple, vous avez un projet de parc, est-ce que c’est un bon projet dans le sens où est ce qu’il produirait au bon moment pour le marché : si son pic de production est à 19h00 c’est super car c’est le moment où tout le monde a besoin d’électricité mais si le pic de production est à 03h00 du matin c’est un moins bon projet d’un point de vue financier. On a aussi des outils comme ça qui vont un petit peu autour mais on va dire que notre innovation principale c’est la partie prévision. »

Comment voyez vous le marché des énergies renouvelables d’ici les 2 ou 3 prochaines années en Europe, en termes d’évolutions et d’enjeux majeurs ?

« J’ai l’impression que globalement en Europe c’est déjà un marché dynamique, en pleine croissance et très intéressant. Quand je suis arrivée en 2015, je trouvais déjà que c’était très intéressant de voir qu’historiquement c’était un secteur très militant qui n’était pas forcément très pris au sérieux par le reste du monde en termes de business. Mais là on a un vrai basculement où l’on remarque que le renouvelable devient rentable et on commence donc à attirer beaucoup d’investissement ; on est vraiment dans une dynamique de fortes croissances et c’est vraiment captivant de faire partie de ce mouvement-là. C’est intéressant aussi de voir comment le secteur reste militant ou en tout cas un petit peu différent.

Pour la partie enjeu, on a le sujet de la place du nucléaire qui est un peu au milieu de la pièce et qui pose beaucoup de questions donc là-dessus il y a encore pas mal d’incertitudes et c’est ce qui fait que la France avance moins vite que les autres pays d’Europe en termes de renouvelables.

Sinon, au niveau du marché de l’électricité, j’ai l’impression que le mouvement que l’on va avoir peut-être en France et dans le reste de l’Europe c’est que tous les pays sont en train de basculer vers ce système de complément de rémunération ; l’Allemagne a commencé en 2014, le France a suivi là en 2018, la Grèce est en train de basculer, les Pays Nordiques sont déjà sous ce système depuis un moment… Et en Allemagne ce qu’on avait pu observer c’est qu’au début il y avait énormément d’agrégateur qui s’étaient créés, notamment car le gouvernement avait fixé des prix très hauts donc c’était très intéressant. Au final ces prix fixes avaient disparu et il y avait eu une grosse consolidation pré-faillite de nombreuses entreprises. En France on a l’impression qu’on en est un petit là, on a pas mal d’entreprise qui sont créées au niveau d’agrégation qui font une marge pas très forte et on s’attend potentiellement à… enfin je ne peux pas prédire ce que ça va donner mais ce sera intéressant de regarder, en tout cas on voit que c’est encore très ouvert.

Je trouve également intéressant l’affiliation de l’éolien OFFSHORE, en France ça n’avance pas très vite mais dans le reste de l’Europe c’est vraiment très intéressant la vitesse à laquelle ça se développe, les prix qui sont obtenus, etc. donc je suis curieuse de voir où on ira.

Et après je dirais que je suis intéressé par le sujet du stockage mais c’est encore un tout autre sujet. »


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